Thursday, February 14, 2013

Le procès de l'Aquila: Réaction de nos bloggeurs (Fr)


Séisme de L'Aquila : au bucher la sorcière !
Par : Marion Weckerle (YES Blogger)

Chaque fois qu'une catastrophe se produit, on se demande, légitimement, si elle aurait pu être prédite et évitée. Aussi, un bref état des lieux des connaissances en sismologie est nécessaire.

Qu'est-ce que la sismologie, ou séismologie ? La science qui s'occupe d'étudier les tremblements de terre. Son but est double : la compréhension de la structure et de la dynamique interne de la Terre ̶ et par extension, d'autres planètes- et la prévention des séismes.

Qu'est-ce qu'un séisme? Une libération d'énergie, sous forme d'ondes sismiques de plusieurs types (P, S et L), causée par une rupture mécanique en profondeur. Ainsi, des séismes peuvent accompagner des phénomènes volcaniques et compter parmi les signes avant-coureurs d'éruptions. Mais la prédiction d'un tremblement de terre relevé encore de la devinette, bien que plusieurs pistes soient explorées. Par exemple, plusieurs petits séismes à l'intérieur d'une même zone peuvent annoncer un évènement plus important - ou non. Tout ce que l'on peut dire, c'est si une zone, est propice à des risques sismiques, dans une fourchette d'ampleur et de temps peu précise. Or ceci est problématique pour une science aussi jeune que la sismologie : les données historiques manquent pour bien caractériser une zone sismique. Les paramètres entrant en jeu sont trop nombreux, et les foyers sismiques se trouvent à plusieurs kilomètres de profondeur sous nos pieds. Enfin, l'effet destructeur ou non sur les habitats humains ne dépend pas que de la magnitude du tremblement de terre, mais également des types d'ondes sismiques qui circulent, des matériaux de construction des infrastructures, de la sensibilisation des populations au risque, etc.

Parvenir à prédire un jour les séismes, c'est le Graal des sismologues. Si l'on surveille les régions a risque afin de mieux les cerner et comprendre leur fonctionnement, si la géophysique a connu une véritable révolution dans les années soixante avec la tectonique des plaques, si l'architecture parasismique a progressé a pas de géant au cours du XXe siècle, prédire le lieu, la date et la magnitude d'un séisme reste – malgré une idée répandue et des annonces fantaisistes – impossible a l'heure actuelle. La seule prédiction réussie est celle du 4 février 1975 du séisme de Haicheng, en Chine (magnitude 7,4), qui résulte d'observations fines mais aussi de chance. L'année suivante, un autre séisme a fait 600 000 victimes... Ainsi, le 6 avril 2009, un séisme d'une ampleur inattendue, dans une région pourtant sismiquement active au centre de l'Italie, a fait trois cent neuf victimes. Cette année après un procès de treize mois, sept personnes, considérées comme responsables de ces morts pour n'avoir pas su prédire la dangerosité de l'évènement, sont condamnées a six ans de prison et a une amende de près de 10 millions d'euros.

Cette condamnation injustifiée fait en réalité le procès de l'ensemble de la recherche sismologique. Connaissances pas suffisantes, pas assez performantes, de phénomènes géologiques qui échappent de toute façon au contrôle humain. En somme, pas assez rentables, dans un contexte socio-économique global tendu et anxieux.

Pourtant, ces chercheurs accuses ne sont pas coupables de ce drame, pas plus qu'ils n'en sont à l'origine. Plutôt que de perdre son temps et son énergie a la chasse aux sorcières, le gouvernement italien devrait se tourner vers la prévention des pertes humaines par l'éducation – comment se comporter en cas de tremblement de terre ? ̶ Et plus d'effort parasismique. Peut-être, alors, le prochain séisme sera-t-il moins destructeur.

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